La réapparition de la Formule 1 en Afrique est plus ardue qu’initialement envisagé, en raison de facteurs économiques et politiques.
Le dernier grand événement de F1 en Afrique du Sud s’est déroulé en 1993 à Kyalami, victorieusement remporté par Alain Prost conduisant une Williams-Renault. Depuis cet événement marquant, le pays n’a plus organisé aucun Grand Prix, bien que la F1 manifeste depuis quelques années son intérêt à réintégrer l’Afrique, le seul continent actuellement absent du calendrier. Lewis Hamilton, le champion du monde en titre, est particulièrement impliqué dans la réalisation de ce projet.
Le directeur général de la F1, Stefano Domenicali, a eu plusieurs entretiens avec les responsables du circuit de Kyalami. Ce dernier fait partie des deux circuits africains possédant un Grade 2 FIA, une classification en deçà du Grade 1 nécessaire pour accueillir un Grand Prix. Bien que l’on s’attendait à voir l’Afrique du Sud sur le calendrier de la F1 en 2023, en remplacement du GP de Chine annulé, cette éventualité a finalement été écartée. Le même scénario semble se dessiner pour 2024.
Des obstacles économiques et politiques
Faire de cet événement un succès économique durable n’est pas garanti, notamment en raison de divergences d’opinions au niveau local. En effet, malgré que le projet était déjà bien avancé, soutenu par South African Grand Prix (Pty) Ltd, dirigé par Warren Scheckter, le neveu du Champion du Monde 1979 Jody Scheckter, et malgré le soutien de personnalités d’affaires de premier plan et du gouvernement, les négociations auraient échoué, selon Jody Scheckter. D’après lui, le propriétaire du circuit aurait en effet exigé des contreparties excessives. Par ailleurs, des différences de points de vue entre les décideurs seraient également apparues. La F1 exige des garanties, compte tenu du nombre d’échecs enregistrés ces dernières années, notamment avec Valence, l’Inde, la Corée et le Vietnam.
Il faut également noter que le timing de ce projet n’est pas idéal pour le gouvernement sud-africain, confronté à d’importants problèmes de coupure d’électricité qui paralysent le pays. Les coûts d’amélioration des infrastructures du circuit pour les mettre aux normes sont mal acceptés. De plus, la situation politique internationale risque d’aggraver la situation : en effet, l’Afrique du Sud, membre des BRICS (avec la Chine, l’Inde, la Russie et le Brésil), fait l’objet de critiques de la part des États-Unis qui leur reprochent de ne pas avoir condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie et d’apporter de l’aide à cette dernière. La politique aurait-elle impacté le projet de Grand Prix ? Le cours de l’histoire montre que ce n’est pas la première fois que le Grand Prix d’Afrique du Sud est affecté par des tensions politiques – le Grand Prix des années 80 avait essuyé de nombreuses critiques alors que le pays était encore sous le régime de l’Apartheid et en proie à des émeutes raciales. À noter que le Grand Prix de 1985 avait même été boycotté par plusieurs équipes, dont les françaises, sous pression du gouvernement socialiste de François Mitterrand.
Spa en attente
L’impasse des discussions sur l’intégration de l’Afrique du Sud au calendrier de la F1 profite à Spa. Malgré les importants travaux de rénovation entrepris sur l’emblématique circuit des Ardennes, et malgré sa popularité auprès des pilotes et des fans, son maintien au calendrier demeure sous la menace constante de Liberty Media, qui priorise davantage les enjeux financiers et marketing que l’héritage historique et les préférences des passionnés. Spa, souvent mis en danger par l’arrivée de nouvelles destinations dotées de moyens financiers conséquents, conserve finalement sa place pour la saison 2023. Un accord a été trouvé pour une seule année et la course sera déplacée au mois de juillet. La déroute de l’édition 2021 impactée par les pluies abondantes laisse encore des marques…